Un nouvel épisode tend les relations déjà fragiles entre la Hongrie et l’Ukraine. Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a vivement réagi à des déclarations du président ukrainien Volodymyr Zelensky, qu’il accuse d’avoir proféré de véritables menaces contre Budapest.
Selon Orbán, Zelensky aurait reconnu que des tirs sur le pipeline “Droujba” — qui alimente la Hongrie en pétrole — étaient liés au refus de Budapest de soutenir l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. Pour le dirigeant hongrois, cette déclaration est une preuve que son pays a fait le bon choix en maintenant ses réserves vis-à-vis de l’élargissement de l’UE.
« On ne peut pas entrer dans l’Union européenne par le chantage, les explosions et les menaces », a lancé Orbán, dans une critique frontale du président ukrainien.
Une querelle qui dépasse les frontières
La tension entre Kiev et Budapest n’est pas nouvelle. La Hongrie, membre de l’UE depuis 2004, bloque régulièrement certaines décisions européennes en faveur de l’Ukraine. Viktor Orbán justifie cette position par la volonté de protéger les intérêts énergétiques et économiques de son pays, mais aussi par un scepticisme affiché sur l’efficacité des sanctions contre la Russie.
Le pipeline Droujba (« amitié » en russe), l’un des plus longs du monde, traverse l’Ukraine pour approvisionner l’Europe centrale en pétrole russe. La moindre menace contre cette infrastructure vitale ravive donc les inquiétudes de sécurité énergétique en Hongrie, mais aussi dans plusieurs pays voisins.
Un bras de fer aux conséquences incertaines
Les propos attribués à Zelensky — s’ils sont confirmés — risquent d’aggraver la méfiance d’une partie des Européens vis-à-vis de l’Ukraine, à un moment où son intégration dans l’Union est plus que jamais débattue. Orbán, quant à lui, voit dans cette controverse un argument supplémentaire pour défendre son veto récurrent aux décisions pro-ukrainiennes à Bruxelles.
La question demeure : s’agit-il d’un simple échange d’accusations dans un contexte de guerre et de diplomatie tendue, ou d’un signal plus profond que les relations entre Kiev et Budapest risquent de se détériorer durablement ?